Et oui, comme disait un ami jaune à grande queue...
"Ouba ! Ouba !"
...
Cela fait un moment que je n'ai pu vous raconter mes péripéties...
En voilà donc la raison :
Mercredi 30/09, aux alentours de 18H45, alors que la pénombre commençait, un certain Seb faisait du vélo... sans lumière et sur une nationale...
De jour déjà, deux "conducteurs" m'avaient frôlé... Avec le soir tombant, un troisième ne m'a pas raté!
BINGGGG !!!
Heureusement, il a eu un sursaut et ne m'a heurté que de côté... (sans trace de freinage et à environ 100 km/h).
Résultat : la vie sauve ! (<= c'est un peu ce qu'on peut appeler un miracle !)
... mais un pied sympathique :
(Âme sensible s'abstenir !!! ;-) )
Cela s'appelle
"une fracture luxation fermée bimalléolaire de la cheville gauche". C bô !
En gros, ça veut quand même dire que je fais une croix un bon moment sur tout sport ! Sic !!! (au moins 6 mois...) et que peut-être, je ne récupérerais pas totalement la mobilité de mon articulation... Re-Sic !!!
J'oublie donc mon ambition de semi-marathon pour mes 40 piges... Snifff !!!
C'était ma première rando vélo en Guyane... :-(((
C'est une collègue qui m'avait gentiment prêté son vélo et j'étais allé voir la "maison de la Nature", en fait, un simple marais sans rien d'extraordinaire... Juste quelques beaux papillons et chenilles.
Mais entre les week-ends et les mercredis après-midi : je commençais sérieusement à m'ennuyer sévère !
J'étais parti un peu plus tard que prévu. J'étais presque arrivé à Iracoubo...
Dommageuh !!!
Le môssieur, point trop sympathique, s'est quand même arrêté et a appelé les secours (il faut savoir que déjà, ça est une chance car beaucoup ne sont pas trop assurés dans le coin et préfèrent donc filer en douce). D'autres chauffeurs se sont arrêtés et m'ont bien soutenu ! Merci notamment à un certain Christophe !
Il allait très vite et sur la route, il n'y a ni bas côté, ni lumière... et moi, je n'avais aucun autre choix pour rentrer...
Il est donc en fait préférable d'éviter purement et simplement le vélo en Guyane !
N'ayant pas perdu connaissance, j'ai eu quelques moments sympathiques en attendant mes amis les pompiers (deux de mes amis avec qui je cours et le troisième, un second professeur très sympa).
Du fait des moyens locaux un peu limités, ils ont mis plus de 25 minutes à arriver, 10-15 minutes à me gérer, 1H à m'emmener à Kourou...
Bizarrement (probablement en partie du fait de l'adrénaline), je n'ai quasiment pas eu mal !
L'estafette des pompiers a moins d'amortisseurs que ma 207 ! <= C'est vraiment à pleurer !
Heureusement, je n'étais pas touché au dos !
La Guyane, ce n'est donc pas tout à fait la France ! Et j'espère que nous n'atteindrons jamais ce niveau de misère (même si je pense que dans certaines régions, on s'en rapproche ! Merci aux pourris !).
Une fois arrivé, la prise en charge aux urgences a été nickel !
Le chirurgien a regardé...
Ils m'ont mis sous morphine (1mg) et là, c'était le pied !!! (C le cas de le dire !!! lol. Mais ça a vraiment été le pied ! <= A deux doigts de redemander des doses !!! <= je comprends bien pourquoi on peut vite être accroc à l'opium !!!)
Pendant que je trippais, hop, il m'a remis mon pied en place (je n'ai absolument rien senti). Et hop, plâtré !
Direction chambre climatisé avec un voisin sympa et des infirmières au petit soin...
Nickel jusque vers 3H du mat.
Là, bobo en haut du mollet : plâtre trop serré : ouverture quelques dizaines de minutes plus tard...
Puis, matin : opération !
2H15 : péridurale : sensation troublante : mon corps sentait ma jambe en l'air mais ma vue montrait autre chose : jambe allongée...
Ouverture au scalpel puis pose de plaques et vis de chaque côté...
Quelques points pour fermer tout ça.
Et hop, retour à la chambre !
4 jours d'hostaux : "un peu" d'ennui : pas de visite, pas d'internet, pas de vêtements, pas de livres...
Juste un peu de télé : bravo l'Australie au rugby ! Et... P.S.G. / O.M. en foot ! <= Si, si ! Comme quoi, faut vraiment jamais dire jamais ! ;)))
Le lundi arrive : sortie et donc, avant : plâtrage... Re ! Avec ouverture pour les soins...
(Attention ! C po bô !)
Retour à Iracoubo : en taxi. Ou je devrais dire d'abord : retour dans la "société guyanaise" et la bêtise de certains de ses membres...
Dur, dur !
La notion d'urgence et de soin étant loin de l'esprit de certain-es locaux !
Aucune considération ou compassion : deux femmes dont une très méprisante sont dans le taxi et ne répondent pas à mon bonjour. Le taxi me met à l'arrière coincé par le siège de devant que la femme n'avance pas... Elle parle dans une langue étrangère mais je comprends qu'elle parle de moi et me méprise sans aucune connaissance de quoi que ce soit ! Ca donne de vraies envies de violence !
Il fait le tour de la ville pour x raisons (courses diverses pour lui ou les femmes) avant de prendre la bonne direction et s'arrête ensuite au bord de la route pour s'aérer plusieurs minutes...
... je prends mon mal en patience.
Evidemment, aucune prise en compte de la réalité locale par quelqu'un qui aurait chapeauté ma sortie: nous sommes le midi, les pharmacies sont donc fermées... et mon chauffeur se fout de savoir s'il y en a une de garde. De peur qu'il me largue au milieu de nulle part (vu son comportement), je me fais tout petit.
J'arrive à Iracoubo sans aucun des médicaments prescrits ni les béquilles...
Je sens que je vais m'amuser !
Arrivée chez ma logeuse...
Plus de ventilo ! SIIICCCC !!!!
Je lui dis. Et a priori, elle s'en fout ! (A aucun moment durant les jours qui suivent, elle ne me proposera d'aller m'en chercher un autre...)
Je me mets devant l'ordi et essaye d'oublier ma situation !
Quelques bugs électriques plus tard : Scrhufff !
Mon alim. d'ordi. qui crame !
C'EST LA FÊTE !!!
(je peux dire que perdre l'ordi dans ces conditions a été un moment bien bien hard !)
MURPHY, TU FAIS IECH !!! :-(((
Concentration !
Zen attitude !!!
Pas le choix !
Une heure, deux heures, trois heures ! (Une heure : C'EST LONG !!!)
Chaleur, démangeaisons, piqûres de moustiques, personne...
Grand moment de solitude !
La nuit s'annonce difficile !
Elle tombe...
Sommeil ?
INTROUVABLE !
Douleurs...
Douleurs...
Bizarre cette douleur !
...
Stress !
...
Douleurs !
Douleurs !
DOU-LEURS !!!
...
Stress !!!
3H du mat.
...
4H du mat.
Dodo ou Chaos ???
...
7H : réveil.
Une gentille infirmière à domicile vient me faire ma piqûre.
Je lui demande si ma douleur au mollet est normale.
Elle me dit que si cela reprend, il faut retourner à l'hôpital (70 km sans aucun moyen de transport !).
8H30 : pas trop mal.
9H30 : toujours allongé : la douleur est diffuse.
10H30 : j'essaye de me lever : la douleur reprend...
J'attends quelques minutes et appelle l'hôpital. La dame ne se prononce pas et me laisse dans l'incertitude sur l'action à entreprendre (à ce moment : a) je n'ai évidemment pas l'esprit très clair. b) je n'ai aucune idée de ce que je dois faire...) J'insiste un peu. Elle me dit qu'il faut que je revienne mais rien sur le comment !
Je lui demande le numéro de la société d'ambulance d'Iracoubo (il n'y en a qu'une !).
J'appelle alors la société... a priori, seule possibilité d'aller à l'hôpital (les pompiers sont fermés - mes amis étant en classe et les autres n'étant pas disponibles <= il n'y a que des volontaires à Iracoubo).
La dame que j'ai au téléphone me dit que le départ est à 14H... pas avant ! Ca doit être la notion d'urgence en Guyane !
Elle me dit qu'ils me rappellent...
11H...
12H...
13H...
14H... (je suis à moitié inconscient)
14H15... je me réveille et appelle : ils m'ont oublié...
L'autre dame qui est alors au téléphone ronchonne et comme j'insiste, elle me dit qu'elle appelle l'ambulancier...
14H30 : personne.
14H35 : il passe enfin me récupérer...
On fait le tour des villages et on arrive à Kourou autour de 16H...
Je suis pris en charge par les urgences...
Mon calvaire s'allège !
...
Le médecin m'annonce un risque de "phlébite".
Juste ce mot ! "Phlébite"...
Seul à Kourou dans une salle d'urgence !
Autre grand moment de solitude !
Je voulais de l'aventure !
Je suis servi !!!
Ils ouvrent le plâtre et constatent effectivement un très bel hématome au mollet !
Heureusement, ce n'était pas une phlébite. Je ne suis pas médecin, mais si cela avait été une phlébite : je pense que les 4H entre le moment où j'appelle et celui où j'arrive à l'hôpital auraient pu me coûter extrêmement cher ! (Pour les ignorant-es comme moi : la phlébite peut amener des cayaux qui peuvent se déplacer et qui s'ils arrivent au cœur ou aux poumons peuvent avoir des conséquences désastreuses sans compter les conséquences directes sur la jambe...).
Prise de sang, etc.
Ils me gardent la nuit et me rassurent un peu : le risque leur semble faible.
Le lendemain matin, échodoppler prévu...
Les urgences me choient mais je suis transféré en cardio...
Là, la prise en charge est très limite : je suis seul et personne ne me dit ce qui va se passer, quand, etc.
Après de longues dizaines de minutes d'attente dans mon fauteuil, quasi à poil au milieu d'un hall de réception (et hop la dignité !!!), un "technicien" (inhumain) me récupère et m'emmène dans sa salle d'examen. Il me fait passer le test et enfin, ses propos me rassurent.
Mes veines sont bien réactives et les résultats de l'analyse de sang sont bons.
Je retourne dans ma chambre des urgences et suis bien pris en charge. On me nourrit.
Je dors.
En fin d'après-midi, on me renvoie à Iracoubo, en ambulance (et cette fois, le chauffeur est très sympa et attentionné !). On refait quand même le tour de Kourou, histoire de récupérer qui chez le kiné, qui chez une infirmière, etc.
Il passe par la pharmacie du village d'à côté et je commande ma botte de marche : plus de plâtre !
<= le chirurgien n'a pas été très disert sur le pourquoi ni le comment. Est-ce une solution viable ? Un pis-allé ? Visiblement, il n'a pas envie de s'embêter... et de risquer de nouvelles complications immédiates... il sait que j'ai demandé à être rapatrié et depuis, je le trouve un peu distant comme s'il se lavait les mains des suites à long terme.
Pourtant, depuis le début, il m'a bien pris en charge et m'a semble-t-il bien soigné. Mais il est très speed et je trouve, assez fuyant ! <= aucun propos sur les suites, ma convalescence, etc. Juste un peu de compassion sur le fait qu'Iracoubo, seul, ça lui paraît hard et qu'il est a priori (mais il ne s'engage pas !) d'accord avec l'idée du rapatriement.
Je retrouve ma chambre (mortuaire! lol)...
Je passe quelques jours (et dois m'occuper d'insister auprès du gendarme chargé de prendre ma déposition pour qu'il me reçoive), appelle les différents services ; assurances : GMF (très peu avenants : refusent l'idée de rapatriement d'emblée sans rien connaître de la situation... Il me faudra plusieurs jours pour tomber sur qq de correct !), la M.A.I.F. (qui n'a en fait rien à voir mais qui me conseille correctement), VISA (beaucoup plus pros et efficaces !), sécurité sociale : injoignable ! Numéro surtaxé, Mutuelle : qui me dit que je n'ai rien à faire : tout est ok pour eux. Rectorat : plusieurs fois : injoignables : je laisse un message à la secrétaire de l'inspecteur (le 14/10)... Etc.
Un jour, alors que j'ai justement prévu d'aller à la gendarmerie, l'infirmière "m'oublie"...
Grâce à l'assurance de la carte VISA, mon vol est calé (en classe supérieure !) pour le jeudi : coollll!!!!!
J'essaye d'aborder la question des mois à venir avec ma logeuse...
Elle m'annonce que si je laisse mes affaires, c'est le même prix que d'habitude : soit 300 euros par mois (qu'elle se fait au black évidemment - et alors que je n'ai pour l'instant eu aucun autre logement possible). Sic !
Je dois en plus continuer de rechercher un appart. car au vu de nos relations, il me semble difficile de revenir chez elle...
(Difficile de s'étendre sur ce sujet sur ce blog...)
Heureusement, les deux professeurs avec qui je m'entends m'apportent leur soutien et outre qu'ils sont venus me voir plusieurs fois et m'ont donné quelques lectures (Dont un chef d'oeuvre de la littérature chinoise que je conseille :
"Au bord de l'eau"), l'un d'eux acceptent de récupérer et de me garder une partie de mes affaires...
Je pars pour Cayenne, le jeudi matin 05/10 par taxi collectif à 5H45 (alors que mon avion n'est qu'à 17H45 !)... Il n'y a pas d'autres moyens d'y aller ! (en tout cas à ma connaissance !)
Heureusement, là encore, grâce aux copains/ines de Sud (que j'ai réussi à un moment à prévenir par mail), l'un d'eux, Thomas, me récupère à Cayenne et me permet de déposer aussi une autre partie de mes affaires (dans son super appart : grande pièce ouverte, en haut d'un immeuble en plein Cayenne) et me dépose à l'aéroport.
Nous faisons la paire car, lui aussi, s'est cassé la cheville, mais la droite ! (plus simplement : une seule malléole : petit joueur !) lol.
A l'aéroport, Thomas et moi pouvons encore constater la notion d'urgence chère aux guyanais-es : alors que je suis en béquilles, debout et que j'en bave : un mec qui est sensé être au service "accueil-handicap" nous fait poireauter des minutes entières alors qu'il est visiblement très absorbé à ne rien faire ! Il finit par me fournir un fauteuil et une fois que je lui ai fait trois courbettes, dit "bonjour" et ciré les pompes, il devient enfin sympathique (<= soyons clair : ce n'était pas un mauvais bougre : il a vraiment été sympa après ! Mais la prise de contact et le manque d'à-propos au départ est hallucinante!).
Je profite alors du "salon Air France" : truc surfait de V.I.P. où il y a toutes les boissons possibles (planteur excellent) et quelques encas (bof !). Là, une dame qui respire la bêtise me heurte la jambe à deux reprises et s'indigne que je l'envoie chier (poliment mais sèchement !). Ah les riches !!!
C'est vrai que ma botte de marche est assez discrète : autant que les accoutrements des C.R.S. !!! Lol
On m'emmène dans l'avion...
Et je respire dans un siège/lit ! Avec petit plateau top !
Et rigole grâce au film "les profs 2" : po mal ! (<= ou alors, c peut-être dû à mon état d'esprit : un petit besoin de détente !!! ;-))) ).
Petit aperçu des trucs pour riches : hyper-ergonomiques et de qualité : "beurre d'Isigny"... Vous remarquerez aussi les "3ml" de piment rouge ! Ben, 0,0003 ml suffisent !!! :-)
Vendredi 7H50 : PARIS !!!
... et ses 3°, sa pluie et sa pollution !
Miam !
A Cayenne, il faisait plus de 30 !
Paris, ça claque donc un peu ! Surtout en short et pied nu ! lol
... mais quel soulagement !
La suite : à suivre ! :-)
P.S. : mes points ont été ôtés et je ne vois déjà quasi plus mes cicatrices ! Mes douleurs sont faibles. Je n'ai plus qu'à faire un peu attention et à trouver un gentil toubib qui me prescrive de la rééduc.
